Le sexe du tatouage.

S’il est communément admis que les Anges n’ont pas de sexe, et qu’il semble tout aussi communément admis (souvent à tort) que les tatoués ne sont pas des Anges, il apparaît clairement que les tatoués ont un sexe. Ce syllogisme primaire pour introduire le sujet du jour : le sexe. Alors non, pas l’organe, désolé, mais la notion. Le rapport (non, pas le rapport auquel tu penses…) entre sexe et tatouage me semble assez évident. En revanche, pourquoi l’est-il? Ça, c’est une question déjà plus profonde (« question » j’ai dit!!…). Le tatouage est-il sexué? Le style l’est-il? Le motif l’est-il? Voilà le point de départ… voyons où ça nous mène, parlons du sexe du tatouage, et non l’inverse

J’ai personnellement toujours considéré le tatouage comme de la lingerie. En 2009, je me souviens avoir écrit ces mots : « voici très précisément comment je vois les choses : le tatouage n’est rien d’autre que de la lingerie fine. A l’exception près qu’elle ne s’enlève pas, elle se traverse. Tu vois un soutien-gorge —> tu le caresses, c’est sensuel car tu sais que tu vas l’enlever pour atteindre la peau (enfin je te le souhaite!) Maintenant tu vois un tatouage —> tu le caresses, ça y est, tu as traversé le motif, tu es sur la peau. » Si je pense toujours la même chose, j’ai un peu affiné mon analyse sur le sujet, et je m’amuse aujourd’hui de remarquer un petit détail, on va y revenir…

Alors d’abord cette idée de « traverser le motif« . Je pense aujourd’hui que si on traverse bien quelque chose, lorsqu’on touche un tatouage, c’est l’image. Pas au sens du motif., mais de celui de l’illusion. J’ai déjà comparé, je crois, le tatouage, l’encre, à une bulle d’air prisonnière sous une couche de glace. C’est une image qui m’est venue récemment et qui hante ma façon de penser le tatouage en ce moment. De plus en plus, je conçois mes encres personnelles à l’échelle de la peau. Et à cette échelle, on est bien d’accord que l’encre n’est visible que par transparence de la peau. Qu’elle est bien SOUS la peau, ou plutôt dans la peau, sous une de ses couches… Mais on ne peut jamais toucher l’encre. On ne l’atteint pas de l’extérieur, on la contemple.

C’est cette illusion, en un sens, qui crée une sensualité, un désir . Quand la lingerie cache ou dévoile, l’encre nargue comme une danseuse (du genre de celles qu’on regarde mais qu’on ne touche pas, tu sais?…). Cette illusion… Ce moment où l’on croit qu’on va toucher quelque chose… comme une nouvelle matière inconnue… cette curiosité que l’on retrouve chez les non-tatoués qui, d’un coup se permettent de vouloir te toucher quand tu leur montres ton tatouage… comme s’ils allaient découvrir une nouvelle sensation, et que tout à coup, ouahou magie, c’est de la peau, c’est de l’humain, c’est du tendre… Je dis « les non-tatoués » mais honnêtement, moi aussi j’ai parfois envie de toucher un tatouage, sans trop savoir pourquoi… bon soyons honnête, c’est plus souvent sur les jolies nénettes que sur les barbus aux muscles saillants, ce qui me fait dire que c’est moins le tatouage que le corps qui attire ma main quand même…

En tout cas, il n’est en rien étrange que le tatouage soit souvent dépeint comme une façon d’assumer son propre corps. Moi même, je ne suis pas un grand fan de mon corps, et j’avoue sans aucune gêne que mes tatouages m’aident à m’accepter, me donnent de quoi être fier quand je suis en débardeur ou à la plage, ou juste devant mon miroir. D’ailleurs bon nombre de tatoués tentent, avec leur nouvel encrage, des photos un peu classes, parfois franchement sexy, ou qui mettent juste plus en avant le corps dans son ensemble, voire se remettent au sport comme par magie à chaque nouveau tatouage, plus efficacement qu’à chaque bonne résolution de Janvier ou approche de l’été… C’est naturel, tant le lien entre l’encre, le beau et la peau est fondamental.

Ce qui m’amuse maintenant, c’est ce petit détail qui ne m’avait jamais sauté aux yeux, et que j’ai remarqué récemment… Quand je parle de ces sous-vêtements, je ne pense pas à mon caleçon. Je pense bien entendu à la lingerie féminine. Celle qui me plait en tant qu’homme hétérosexuel, et qui, j’imagine, plait aux femmes (toutes tendances confondues) pour ce rapport évident à la séduction et à la sensualité. Cela place donc le tatouage comme outil déclencheur de sensualité, non plus seulement pour les femmes, mais aussi pour les hommes. D’où cette question qui jaillit : y a-t-il des tatouages pour hommes et des tatouages pour femmes?

C’est une question moins bête qu’elle n’en a l’air… L’autre jour, un ami, fraîchement tatoué et qui découvre pas mal de choses en ce moment de notre merveilleux univers, me faisait part de son admiration pour les tatouages en dentelle. Ces motifs sont en plein boum depuis quelques années, et effectivement toujours très impressionnants. Il m’a alors soufflé que, c’était probablement bizarre, mais qu’il ne serait pas forcément contre l’idée d’en porter… ce qui m’a, je l’avoue, semblé effectivement super bizarre. J’ai alors réalisé à quel point cela semblait un motif féminin, non pas à apprécier (ça c’est ouvert à tout le monde), mais à porter, tout comme l’est la véritable dentelle de la lingerie dont nous parlions plus haut. Sur le moment, je n’ai pas poussé la réflexion plus loin que ça. Et puis plus tard, je travaillais sur un entretien avec Dodie (à paraitre bientôt sur inkage, stay tuned), tatoueuse à l’Heure Bleue, qui est extrêmement réputée, notamment pour son travail sur la dentelle, mais qui a poussé son style bien au delà, pour y ajouter des arabesques, des influences hindoues, ornementales etc… J’ai été stupéfait, en parcourant les sites qui parlent d’elle du nombre d’occurrences de l’adjectif « féminin » pour qualifier son travail. Et j’ai alors réalisé qu’effectivement, on se trouvait peut-être bien en face d’un style plus fortement sexué que d’autres…

Une femme avec un Grim Reaper ne m’a jamais choqué. Sans aller jusqu’aux motifs morbides et gores, je n’ai jamais vu les motifs, que partout ailleurs on attribuerait à un univers masculin, comme sexués. J’ai moi même pas mal de fleurs dans la peau, mais bien peu dans mon appartement et je crois que la plupart de mes motifs sont, d’une certaine façon finalement assez féminins. Dans leur légèreté peut-être? Alors évidemment il existe des motifs objectivement tirés d’univers plus féminins que d’autres… un Hello Kitty, une licorne sur arc en ciel, que sais-je? Tu vois comme les premiers exemples qui viennent sont nian-nians? On dirait presque que « féminin » rime avec « glucose »… Un dude avec ces motifs me fera marquer un temps d’arrêt sincèrement. Mais un mec avec Peach (la princesse de la série Super Mario Bros) ou Zelda tatouées, ne me « choquera » pas plus que ça. Une fille avec une Chevrolet hyperréaliste ou un mécanisme à base de pistons et chromes sur l’avant bras ne me choquera pas non plus. Au pire je trouverais ça un peu étrange mais sans plus.

Bref, parler de motifs plutôt adaptés aux filles qu’aux mecs et inversement, passe encore… Mais je n’irais pas jusqu’à parler d’un style féminin. Côté professionnels, il y a aussi de quoi dire. Une femme tatoue-t-elle différemment qu’un homme? J’aime par exemple quand les tatoueuses ne se cantonnent pas à ce style « girly » qui semble imposer des couleurs flashy, des motifs mignons et culinaires ou je ne sais quoi. Je trouve dommage qu’une artiste, parce qu’elle est une femme, soit amenée à tatouer ce genre de choses uniquement, et je suis heureux de constater que cela évolue en France (ce n’est pas le cas au Japon malheureusement où les filles tatoueuses sont presque là comme garantie d’avoir des clientes filles et ont bien du mal à se départir du cliché « girly »). Mais il me semble assez clair qu’en dehors de raison clientélistes, on ne peut absolument pas parler de façon de tatouer féminine ou masculine…

Sexuer le tatouage n’est peut-être pas forcément un mal finalement? Je ne suis absolument pas dans le délire « guerre des sexes » « théorie des genres » etc… Tant qu’on laisse le choix à un gros barbu de tatouer ou se faire tatouer un cupcake, et à une frêle donzelle de tatouer ou se faire tatouer une épée moyenâgeuse enflammée, je ne vois pas le problème à admettre que, de façon générale, certains motifs parleront plutôt aux filles et d’autres plutôt aux gars. Et la démarche de Marco Manzo serait, avouons-le, totalement différente s’il présentait des modèles des deux sexes (pas inintéressante, mais, de fait, différente).

Mais ces nouveaux styles, à base de motifs de bijoux, pendentifs, chaînettes, plumes, dentelles, courbes ornementales etc… développés à merveille par beaucoup de tatoueurs/euses de la « nouvelle » scène, sont peut-être une réponse encore plus intéressante et un autre effet de la fameuse « démocratisation » du tatouage, (celle dont on nous rabat les oreilles depuis 10 ans). Comme si les femmes prenaient aussi le contrôle et l’initiative. Comme si, tout naturellement, elles demandaient et créaient leur appropriation de la discipline. Un style féminin. Au vrai sens du terme. Ce serait génial d’en faire le nom d’un style…

« T’es plutôt quoi toi? Old School? Biomech?
– Oh non moi je suis à fond dans le Féminin! »
Raoul Grospec, 2022.

Ce qui me semble intéressant là dedans, bien plus que le Girl Power ou la mesure de testostérone du domaine du tatouage, c’est que je ne parviens pas à savoir s’il existe de la photographie féminine, de la peinture féminine, du théâtre féminin, de la musique féminine, du cinéma féminin… C’est une vraie question que je me et te pose, faute de connaissances… N’hésite pas à m’en parler en commentaires!! Mais a priori, il me semble que, de façon générale, l’Art, dans sa grande universalité n’a pas vocation à être sexué… Mais l’Art, on l’a vu dans un autre article, en général, n’est pas posé sur des millions de gens. Le tatouage sera-t-il alors l’un des premiers? Il va falloir que je continue d’y réfléchir, ça me semble vraiment un sujet intéressant… pas toi?

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Le sexe du tatouage.

17 réflexions sur “Le sexe du tatouage.

  1. Cet article me dérange un peu… Tu pointes des choses extrêmement intéressantes (pourquoi le « tatouage féminin » existe quand le tatouage masculin est simplement « normal »?) et j’adore ta première partie sur la perception du tatouage à laquelle je n’avais jamais pensé et qui est d’une pertinence incroyable.

    Mais tu nous invite à commenter, et malheureusement femmes et genres c’est un peu mon credo 😉 Je dirais même femmes et théories du genre, que tu sembles un peu vite pousser dans le bas-côté (je sais que la presse francophone a traité de ses sujets avec autant de subtilité qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine, mais il serait vraiment dommage de s’arrêter à cette vision biaisée et réductrice).

    Dans ton article, tu associes l’adjectif « féminin » non pas à un sexe (qui serait l’ensemble des individu possédant un organe reproducteur féminin, et encore, on pourrait pour être plus exact parler de genre mais je reviendrais là-dessus après), non pas à un sexe, donc mais à des qualités : légèreté, sensualité, douceur…
    Le féminin devient une petite niche réductrice ou le tatouage se fait sucré ou ornemental, mais toujours de préférence agréable à l’oeil masculin hétérosexuel.

    Notamment : je ne comprends pas du tout pourquoi tu sembles vouloir limiter la qualité et l’intérêt de ces tatouages dentelles à des corps de femmes (et si j’en crois le lien vers l’article sur Marco Manzo, des corps blancs, minces et beaux selon les critères de beauté communément admis). J’ai vu des tatouages de Dodie sur des corps d’hommes (si je ne m’abuse) et j’ai beaucoup aimé. Je ne vois pas pourquoi la virilité ne pourrait être dans la sensualité, la délicatesse, la douceur.
    Il pourrait être bon de bousculer un peu nos a priori sur ce qui est fait pour les femmes et ce qui est fait pour les hommes. Pourquoi les corps des femmes devraient systématiquement être magnifié dans leur sensualité, c’est à dire leur capacité à avoir un intérêt sensuel et sexuel?

    Dans un deuxième temps, je suis un peu alarmée par ta perception du rôle des femmes en tant qu’artistes que ce soit dans le monde du tatouage, ou dans le monde de l’art en particulier. Les femmes créent. De tout temps les femmes ont créé, elles écrivent, font des films, des pièces de théâtre, des tableaux, des sculptures. Mais elles le font dans le silence, parce qu’elles ne bénéficient JAMAIS de l’exposition médiatiques qu’ont les hommes, ni de la reconnaissance de leurs pairs. Camille Claudel par exemple, qui la connait quand Rodin est sur toutes les lèvres? Qui a étudié une seule autrice au lycée? Qui connait les femmes de l’histoire? Quel informaticien citera Ada Lovelace?

     » Comme si les femmes prenaient aussi le contrôle et l’initiative. Comme si, tout naturellement, elles demandaient et créaient leur appropriation de la discipline. Un style féminin. Au vrai sens du terme. Ce serait génial d’en faire le nom d’un style… »
    Les femmes n’arrivent pas « après les hommes ». Si l’histoire les oublie communément (parce que l’histoire est, doit-on le rappeler?, écrite par des hommes), les femmes tatouent depuis des années, et il est hors de question de vouloir réduire les qualités variées des tatoueuses femmes sous une étiquette qui rassemblerait « motifs de bijoux, pendentifs, chaînettes, plumes, dentelles, courbes ornementales ». Non.
    Les femmes ne sont ni définies, ni limitées par une définition aussi superficielle et hétéronormée de ce qu’est la féminité.

    Toute pièce créée par une femme être féminine. Toute pièce créée par un homme masculine. Ou tout art est neutre, au-delà des définitions de genre…?

    Trouvons d’autres adjectifs que « féminin » pour décrire ces tatouages. Ils ne sont pas par essence féminins, ils ne sont considérés comme tels que parce qu’ils correspondent à des qualités (au sens large) qui sont attribuées par la société au genre féminin (encore une fois : délicatesse, aspect précieux, décoratif, etc).

    D’où l’importance de distinguer le terme « sexe » et « tatouage sexué » du terme « genre(s) ». Un tatouage est genré dans le sens ou il sera perçu comme masculin ou féminin (ex une pin-up – une femme donc – en posture suggestive sera surement plus facilement perçue comme un tatouage d’homme).
    Un tatouage est perçu comme masculin ou féminin parce qu’il est en adéquation avec des qualités que la société attribue à l’un ou l’autre des genre (douceur vs force, bleu vs rose, bijou vs armes, etc, etc). Mais les individus peuvent ne pas entrer dans ces cadres, et les expressions de la féminité ne sont pas toutes douces, gentilles, maternelles et bien coiffées (tout comme j’aimerais que les expressions de la virilité ne soient pas réduites à la force, voire la violence et à la domination).
    Et pour revenir à la différence sexe/genre, un tatouage est « sexué » quand il a trait aux organes génitaux et par extension à la sexualité (dans le sens, pratiques sexuelles).

    C’est extrêmement difficile de résumer toutes mes pensées en quelques lignes, j’ai essayé d’être le plus concise et claire possible donc n’hésite pas à me reprendre si certains points sont confus, ou si j’ai mal interprété certains de tes propos. Je pense que ton texte soulevait vraiment des points intéressants, et mon commentaire concerne surtout la toute dernière partie et une réflexion sur la sémantique.

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    1. Je suis parfaitement d’accord avec ce commentaire.
      L’article est extrémement pertinent et enrichissant. En mon sens, il pousse à la réfléxion.
      Mais je suis d’accord avec l’utilisation un peu maladroite (si je peux me permettre) du terme feminin et sexe.
      Et si féminin était associé à vigueur, force, rigourosité, vulgarité ? 🙂

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      1. encore une fois, je n’ai pas choisi cet adjectif, les femmes sur les sites internet que j’ai consulté l’ont fait. J’espère que ma longue réponse vous éclairera sur mes intentions. 😉

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    2. Je m’attendais évidemment à une réaction de ta part Cat, mais je suis un peu déçu de ce que tu sembles m’attribuer comme propos…je crois que tu as eu la lecture un peu rapide si je puis me permettre… alors je vais essayer de reprendre quelques points que tu soulèves…

      D’abord, je ne m’en cache pas, j’écris ça effectivement avec possiblement des a priori masculins hétéro. Mais jamais négatifs sur la femme, ça tu peux en être sûre. Surtout n’oublie pas qu’ici je pose des questions, explore des pistes, jamais n’affirme une vérité. Alors d’abord, en ce qui concerne « Dodie sur homme », j’attends la réponse de l’intéressée elle même, mais justement non, je n’ai trouvé qu’une image d’elle tatouant un homme,et pas une pièce pour laquelle elle est connue. Alors j’aimerais bien avoir des liens si tu en as, parce qu’effectivement ça m’intéresse. Cela n’enlève rien à ce que je dis sur Marco Manzo par exemple, tu en conviendras. C’est donc partant notamment de ça que j’ai constaté que la « dentelle » si en vogue, n’est pas uniformément représentés sur les tatoués masculins et féminins. Point. Qu’un homme en porte, je ne vois pas le problème, même si, comme je le dis, personnellement ça me semble un peu étrange. J’ai le droit à cette réaction primitive mais mesurée je pense.

      Et je ne parle jamais d’un corps de femme DEVANT être magnifié SEULEMENT par du sexuel ou du sensuel, tu m’as mal lue, je parle de femmes portant des Chevrolet et des Grim Reaper qui ne me dérangent absolument pas… mais le sensuel et sexuel est le sujet du jour, donc évidemment je tourne autour de ce point.

      Pour le rôle des femmes dans l’Art, encore une fois tu m’as mal compris, désolé. Je connais très bien le rôle des femmes (je ne vais pas rapeler mes diplômes à chaque fois, mais je pense pas être le moins informé sur l’histoire de l’art), et je ne dis JAMAIS qu’elle ne sont pas importantes dans la création enfin! Je dis qu’elles n’ont pas sexué l’Art justement, qu’elles n’ont pas MASSIVEMENT fait un art fondamentalement différent de celui des hommes. Pardon de le dire mais tu pars un peu fort sur la couverture médiatique masculine etc… Je connais Camille Claudel comme son frère Paul et son mentor Rodin… Frida Kahlo, Cindy Sherman, Kiki Smith, Yoko Ono et qui tu voudras me citer… cela ne change rien au fait qu’elles n’ont justement pas fait un art pour femme (ni pour homme, juste de l’art).

      Ensuite, malheureusement si, les femmes arrivent après les hommes. Non pas que ce soit normal, bien au contraire, je m’en insurge autant que toutes les féministes que tu veux, avec moins d’agressivité que certaines par contre… mais puisque, comme tu le dis, l’histoire est écrite par les hommes, force est de constater qu’elles commencent tout juste à prendre une place normale dans le monde du tatouage… Et crois moi, ici c’est pas le cas encore, je suis pleinement conscient de la différence, et la déplore aussi! Quand je dis qu’il serait génial d’avoir un style nommé « Féminin », c’est évidemment un second degré -j’espère que t’as bien lu mon dialogue d’exemple- pour signaler qu’il n’y pas de raison de ne voir le tatouage que comme un truc de gars, alors que toutes les sensibilités peuvent de développer, à l’image de ce qu’on voit ces dernières années… Le fait qu’un homme (moi) dise ça t’agace peut-être parce que tu as l’impression que c’est de la condescendance phallocrate, mais là je n’y peux rien, ça n’en est pas, désolé si tu le prends mal en tant que femme. Tous les mecs ne sont pas non plus vos ennemis.

      Tu dis « Toute pièce créée par une femme être féminine. Toute pièce créée par un homme masculine. Ou tout art est neutre, au-delà des définitions de genre…? »

      as-tu lu la fin de l’article? c’est exactement ce que je dis… l’Art n’est pas, à ma connaissance sexué, genré. Les artistes le sont, mais leurs supports ne le sont pas. Je m’interroge sur la possibilité que le tatouage le devienne puisque dans son cas, les artistes le sont, et les supports aussi. De là il est normal que les différents goûts s’expriment, et désolé, mais moi j’ai pas toujours les mêmes goûts que les femmes… C’est un simple fait. En revanche je ne suis pas d’accord avec ta première phrase, le sexe de l’artiste ne définit pas pour moi le genre d’une oeuvre ou d’un travail, mais je comprends ce que tu veux dire. Je suis juste pas d’accord.

      L’adjectif « féminin », encore une fois, comme je le dis dans l’article, est ce qui est ressorti de façon incroyable de tout ce que j’ai lu à propos du travail de Dodie. Je ne l’ai pas choisi, et c’est ce qui me fait justement réagir car je trouve étrange qu’on ne puisse y coller que cet adjectif pour le décrire. Ne me reproche pas une vérité générale accessible à tous sur le net, moi j’essaye de la dépasser en poussant la réflexion. Dans une direction qui ne te plait pas soit, mais aucunement dans l’irrespect.

      Voilà j’espère être plus clair. Maintenant il est certain qu’on ne peut pas être d’accord sur tout. Mais il me semble vraiment que ce que tu me reproches est infondé pour le coup.

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      1. Je pense que ma réponse sera courte parce que – même si on a surement quelques divergences de fond – on est globalement sur la même longueur d’onde.
        Les remarques que j’ai pu faire dans mon commentaire ne sont pas dirigées vers toi directement (par exemple, sur les femmes dans l’art en témoigne le post FB sur lequel tu m’as taguée et je ne suis même pas sure d’être à la hauteur vu la faiblesse de ma culture en art !). Je m’adressais plutôt en général sur les problématiques que tu soulèves, en développant une réflexion générale.
        Il semblerait que les gens se sentent souvent pris à partie par mes propos, c’est ma façon d’écrire qui donne ça. Ca donne des résultats un peu houleux mais je ne t’attribuais pas d’intentions sexistes.

        Il y a surement quelques formules que j’ai mal interprétées (mais ce sont les formules et pas la personne derrière que je pouvais commenter) mais ça, j’en avais conscience !

        J’ai moi-même constaté l’omniprésence de l’adjectif féminin (utilisé dans à peu près toutes les situations ou une femme crée ou fait quelque chose, d’ailleurs), donc je ne te blâme pas d’en faire l’étude, mais je pense qu’il y a moyen d’aller un peu plus loin dans la critique 🙂

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        1. ok ok je comprends, et tu me rassures… Je suis aussi enclin à démarrer au quart tu l’as constaté…
          Evidemment qu’il faut aller plus loin, encore une fois je lance des trucs qui me passent par la tête… Mais que je n’aille pas assez loin ou que je dise que la femme est sclérosée dans son identité créée par les hommes, c’est pas pareil quand même et j’ai cru que c’est ce que t’avais compris que je pensais… Bref ^^

          Et pour les liens sur des tattoo de Dodie sur des mecs pense à moi hein, parce que vraiment j’en n’ai pas trouvé, ce qui a été justement un point de départ à ce point précis sur lequel on est pas complètement d’accord.
          (et si, tu vas très bien t’en sortir pour le défi FB, remercie Quentin de m’avoir entraîné là dedans… moi aussi je galère…) ^^

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      2. Pour être plus claire (quand même).

        « Et je ne parle jamais d’un corps de femme DEVANT être magnifié SEULEMENT par du sexuel ou du sensuel, tu m’as mal lue »
        > Typiquement, ce n’est pas de toi ou de tes propos que je parlais, mais juste de la tendance lourde de la société et de la perception de ce qu’un tatouage de femme doit/devrait être.

        « Pour le rôle des femmes dans l’Art, encore une fois tu m’as mal compris, désolé. Je connais très bien le rôle des femmes (je ne vais pas rappeler mes diplômes à chaque fois, mais je pense pas être le moins informé sur l’histoire de l’art), et je ne dis JAMAIS qu’elle ne sont pas importantes dans la création enfin! Je dis qu’elles n’ont pas sexué l’Art justement, qu’elles n’ont pas MASSIVEMENT fait un art fondamentalement différent de celui des hommes »
        > Je crois qu’il y avait une incompréhension de fond sur ce que tu appelles « l’art féminin » en fait, même si je ne remettais pas du tout tes connaissances en cause, mais bien la perception globale de l’art 😉 (On a les statistiques des présences des artistes femmes en musées ET en galeries comtemporaires et c’est désastreux…). Et on est bien d’accord que l’art (même s’il peut intégrer des problématiques sociales, donc des questions liées au genre par exemple) n’est pas dans son essence genré, ni nécessairement influencé par le genre de l’artiste.
        (Par contre je pense que les artistes – art populaire, bande-dessinée – féminines sont mieux acceptées par la critique quand elles font des trucs « de fille »).

        Mon propos ne visait vraiment pas l’antagonisme, malgré des formulations un peu radicales (c’est mon style).

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        1. Ah bein oui, justement, c’est bien ce qui me gêne aussi… le fait qu’on demande, ou que la société comme tu veux, impose aux tatoueuses de faire des trucs a priori censé plaire aux filles etc… bein c’est ce que je dis, c’est nul et je suis bien content que ça évolue en France…
          Bref, oui on est globalement d’accord 😉
          Mais quand même je trouve dommage de souvent trouver dommage que « féminin » soit associé à certains aspects… cela ne veut pas dire uniquement à ces aspects là… mais préfère que « féminin » renvoie à de la douceur, de la délicatesse etc dans l’inconscient collectif… Et j’aimais aussi quand ma femme pétait au lit si tu veux tout savoir ^^

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      3. J’ai pas retrouvé pour Dodie, elle a tellement de photos :/ Je l’ai peut-être halluciné (?)(my bad) et ça n’enlève rien au fait que 99% de sa clientèle est féminine (je laisse le 1% du doute on sait jamais)…

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        1. par contre du même genre sur des gars, possible hein… mais c’est quand même pas représentatif quoi… (dommage d’ailleurs, même si moi, a priori j’en porterais pas… mais faut jamais dire jamais… je mets bien des bas résilles le samed…euuuh non non rien oublie! 😉

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  2. unmotunephoto dit :

    Toutes mes excuses pour la lecture certainement trop rapide de l’article. Il est vrai qu’on est tellement habitués à voir les hommes ou les femmes porter des étiquettes attribuées par la société que ce type de sujet génére des réactions parfois trop rapides. En tout les cas, tout mes compliments pour les articles qui sont trés enrichissants !

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  3. C’est marrant, quelque soit le domaine abordé, ces questions sur le masculin/féminin suscitent toujours les mêmes réactions. Et si je suis d’accord avec Catbird autant qu’avec Ondori, je ne peux m’empêcher de mettre les pieds dans le plat, avec pour postulat de départ que :
    oui, je trouve dommage qu’on en soit encore (malgré une évidente et rassurante évolution de la pensée) à distinguer homme et femme dans ce qu’ils sont capables de réaliser, d’exprimer, d’être… Je suis conscient de ça depuis que l’homme que je suis à été élevé par une féministe : mon père.
    Je signale aussi que je suis le mâle, hétéro, (évoqué par Ondori) qui serait bien séduit par l’idée d’être tatoué de dentelles.

    Cela dit, je ne peux que constater que les clichés ont la vie dure et que, dans les faits, le distinguo est très souvent présent.
    Parce que les filles sont élevées en filles. Parce que les gars sont élevés en gars. Parce que la société, l’école, les parents, les médias…etc alimentent la différence ?

    Je donne des cours de dessin à deux groupes d’élèves : 7/10 ans et 11/14ans. Je ne prendrais pour exemple que le deuxième groupe, puisque le premier n’est constitué que de filles, qui passent leur temps à dessiner des princesses, des chevaux et des papillons quand je leur laisse le choix.

    Dans mon groupe de « grands », donc, j’ai 4 filles et 4 garçons. Je ne vais pas évoquer les sujets de prédilections qu’ils/elles peuvent avoir (dragons/ninja/chevalier/baston d’un côté / couple-sur-un-banc/petit-animal-tout-doux…etc de l’autre. Je vous laisse deviner qui fait quoi).
    Si je ne parle alors que des manières de faire, de dessiner, force m’est de constater que douceur et délicatesse sont autant présentes chez les filles que brutalité et trait « énergique » le sont chez les gars. Hier encore (après plusieurs mois avec ces élèves précis) j’ai du dire à deux garçons de moins appuyer comme des bourrins et à deux filles de forcer un peu sur le crayon.
    Une de mes élèves est venue avec sa correspondante espagnole hier. Un de mes élèves est venu avec son correspondant espagnol hier. Exactement le même topo. Elle était appliquée et caressait son papier comme si son crayon était une plume. Il était un peu brutasse du trait et s’est mis à dessiner des bonhommes armés et casqués qui se lattaient copieusement à l’aide d’armes diverses.

    Je n’ai en fait qu’un élève qui ne correspond pas à ces clichés. Il sait se montrer délicat ou puissant dans son dessin, selon l’effet qu’il veux obtenir (Spéciale dédicace, Arsène, ça me fait bien plaisir que tu sois là).

    Tout ça pour dire que si, en tant qu’adultes, nous pouvons essayer de nous dédouaner de ces schémas, ils n’en sont pas pour autant annihilés totalement. On a grandi, on s’est construit et on a perçu notre monde avec eux en toile de fond depuis notre plus tendre enfance. Alors prétendre qu’hommes et femmes produisent, en art ou autre, des choses absolument similaires me semble aussi illusoire que de penser qu’hommes et femmes voient le monde, agissent et réagissent de la même manière.

    J’avoue que je trouve cela à la fois dommage et merveilleux. Dommage parce que -de fait- certains s’appuient la dessus pour considérer les des deux sexes comme étant inférieur à l’autre. Merveilleux parce c’est justement par ces différences qu’on peut envisager les choses différemment.

    Je me dis d’ailleurs que l’on pourrait remplacer « femme » et « homme » par « français » et « japonais » dans ces lignes que ça marcherait tout autant. C’est une question de moule (et je ne veux pas de jeu de mot douteux).

    Bon, sur ce, je vais aller cuisiner pour nourrir ma femme qui est vraiment nulle aux fourneaux.

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