Vu ou su?

Je suis un foufou. Aujourd’hui pour mon 3ème article, alors que je devrais probablement traiter de sujets bien tranquilles, et remporter une grande adhésion du public, plus de likes, plus de clics, plus d’amour dans mon écran, je décide de brûler les étapes, et de traiter du sujet qui, probablement va en fâcher un petit paquet… Alors comme je suis sympa, je vais essayer de pas être trop catégorique, mais je promets rien… Réfléchir tout seul n’est pas facile, on manque de contradicteurs… C’est un peu pour ça que j’ai créé ce blog aussi, obtenir des arguments intéressants qui me feraient grandir, changer d’avis, ou, au contraire, me conforteraient dans mon ressenti perso. Alors comme toujours, je compte sur toi pour commenter ici ou sur la page facebook, comme Ingrid qui, en réaction à mes remarques sur la crème miracle annoncée pour retirer les tatouages, m’a fourni quelques arguments qui m’ont fait réfléchir… je te copie le passage de son commentaire pour la peine! Et merci à elle.

« C’est vrai qu’il est tentant de dire, les gens vont moins réfléchir avant de se faire tatouer s’il est si facile de l’enlever, mais bon honnêtement, je pense pas que ça change grand chose, certaines personnes se font tatouer sur un coup de tête, par effet de mode ou pour beaucoup d’autres mauvaises raisons, c’est un fait. Cela existe déjà donc bon, pourquoi diaboliser une crème qui ne fera qu’améliorer le bien être des gens lors du retrait d’un tatouage. En exagérant, les gens font pas exprès de prendre un coup de soleil parce que la biafine existe, ils ne deviennent pas obèses en se disant c’est pas grave je mettrais un anneau gastrique… Les avancées médicales ne sont pas là pour rattraper les conneries des gens (même si c’est ce qu’il se passe) mais bien pour améliorer notre qualité de vie.« 

Mais aujourd’hui le sujet est tout autre. Je voudrais qu’on prenne un peu de temps pour parler des tatouages « ostentatoires« , visibles, et voulus comme tels. De nos jours on entend souvent que les clients ont changés. Qu’avant, on tatouait la zone T-shirt/Bermuda en premier, mais qu’aujourd’hui c’est d’abord des manchettes voire des bras complets, les poignets, les mains, parfois même le cou, qui sont les zones tatoués en premier. Je vais le dire tout de suite, ma réflexion ne s’appuie sur aucune étude sérieuse de cette question, aucuns chiffres, juste ce ressenti général, et mes observations des tatoués que je côtoie sur la toile, plus que dans la vraie vie, et ce pour une raison simple et que je vais développer plus bas : comme tu le sais surement, je vis au Japon, et ça change tout.

Personnellement (et j’insiste sur ce mot), je m’interdis les tatouages en dehors de la zone T-shirt/pantalon. Je dis bien que je me l’interdis, ce qui implique que j’aurais potentiellement envie de tatouer mes avant-bras par exemple. Je comprends la sensation de fierté d’être tatoué, crois moi, j’en suis fier. Je comprends l’envie de montrer des œuvres qu’on aime, qui comptent pour nous. Se revendiquer d’une communauté pourquoi pas? S’affirmer comme tatoué etc… Simplement j’ai trouvé un autre moyen de le faire qu’en montrant mes tatouages. J’écris pour inkage, je discute avec des tatoués, des tatoueurs, je parle ici, je m’implique dans le tatouage à mon corps défendant, et à mon esprit travaillant. Parce que vois-tu, j’ai toujours pensé que je devais protéger mes tatouages du soleil et du regard. Pas du regard des autres… mais du mien.

Le mien de mon futur moi. Je ne connais pas ce mec que je serai dans 15 ans… je ne connais déjà pas celui que je serai dans 1 semaine alors t’imagines? Le regard des autres ne m’importe pas énormément. Je fais en sorte dans ma vie de m’entourer des gens capables d’accepter qui je suis, avec mon encre, sans pour autant oublier de réfléchir à des questions simples telles que les enjeux au travail, la vie dans une certaine société etc… Mais globalement ce n’est pas ce qui guide mes choix au final. Au mieux ça les mûrit. La « censure » que je m’applique est une censure envers moi même, car je ne veux pas que mes tatouages deviennent un handicap. Je veux toujours avoir le choix d’en faire une part de mon identité visible ou non. Je veux pouvoir passer une soirée entière sans en parler avec des inconnus, même si la majeure partie du temps c’est moi qui vais en parler. « Alors? t’aimes quoi dans la vie? – Le tatouage!! » c’est la première chose qui sort en général. Mais je veux garder la possibilité que ce ne le soit pas.

Regarder des images. Je passe ma journée à ça. Des tatouages du monde entier, des artistes célèbres, inconnus, bons, mauvais… je lis des choses, je regarde des vidéos… et tout ce que j’y vois, ce sont des instants. Une photo, c’est une fraction de seconde. Une vidéo c’est quelques minutes. Un épisode d’Ink Master (dont je dis ce que j’en pense ici), c’est 45 minutes (en comptant les innombrables répétitions de Dave Navarro)… Mais mes tatouages, c’est des années. C’est des heures dans le miroir en sortie de douche, c’est des mois en préparation, et parfois en piquage, c’est des histoires, des vies… Ça n’a rien à voir. J’ai parfois l’impression que beaucoup de gens ne voient que l’instant-image, et oublient l’instant-vie du tatouage. « Hâte que mon bras soit complet!! » Je lis ça 50 fois par mois… ou « vous avez des idées pour mon prochain tatouage?? » euuuuh à qui tu parles gars? On te connais même pas, comment on pourrait avoir des idées de tatouage? Aaaah mais toi tu parles d’un dessin? Moi je pensais à un engagement à vie pardon, on s’était pas compris!!

Au Japon, tu le sais peut-être, le tatouage est encore très mal accepté. Les choses changent, lentement, mais cela reste une société particulière qui interdit (sur aucune base légale d’ailleurs) certains lieux aux tatoués. Les plages, les bains publics (centraux dans la vie nippone), les salles de sport etc… bref, je vais pas m’étendre là dessus, et te renvoie à mon article sur la question si ça t’intéresse). Le fait est qu’ici, l’immense majorité des tatoués (et il y en a un paquet crois moi) cachent parfaitement leurs tatouages. Ils sont capables de faire vivre leur encre dans l’anonymat le plus total. Et j’aime ça. J’aime cette idée qui, pour moi, est un des principes du tatouage. Etre différent. Etre secret. Etre sous la couche imposée par la société. Underground, under-suit. Si afficher, montrer, imposer peut être défendu comme un acte d’engagement, de fierté, de détermination, les cacher n’est pas renier sa passion, avoir honte ou ne pas l’assumer. C’est choisir avec qui et quand on le fait. Ça fait une différence majeure.

J’ai toujours eu une vision un peu romantique du tatouage comme sous-vêtement, nul doute que j’en reparlerai ici. Et si je suis tenté de laisser dépasser un peu d’encre de temps en temps pour attiser le regard de l’autre, susciter la curiosité comme je le ferais probablement avec des atours féminins si j’étais une Aphrodite et non un Héphaïstos, je me contrôle pour ne pas dépasser les limites et tomber dans l’exhibitionnisme. Bien entendu je veux rappeler ici que je parle en tant que simple passionné de tatouage, et qui n’évolue pas dans le milieu du tatouage dans sa vie quotidienne. Il va de soi que je comprends parfaitement que, dès lors que tous les aspects de notre vie sont centrés autour du tatouage, les barrières changent, et les limites diffèrent. Moi je parle des gars qui font une manchette complète et qui viennent sur les forums après pour se plaindre de discrimination lors d’un entretient d’embauche… Comme quoi leur tatouage ne diminue pas leurs qualités de travailleurs. Certes, mais on peut admettre (sans trouver ça bien et espérer que ça évolue) qu’un patron juge que cela démontre des lacunes dans les capacités de réflexion et de discernement du candidat…

Dernier point, je constate, évidemment, qu’avec le temps, les lignes bougent. Les interdits qu’on s’impose évoluent. Quand j’ai fait mon premier tatouage, sur le bras droit, je pensais impossible de faire mon torse un jour, ce que j’ai commencé lundi dernier… Je reste donc bien conscient qu’un jour peut-être, mes interdits tomberont, mais seulement si mes raisons sont sérieuses et si je me sens capable de l’assumer (ce qu’on ne sait jamais avant d’avoir porté au moins quelques années de l’encre à mon avis). Car je reste persuadé d’une chose, si les lignes bougent dans un sens, elles bougent dans l’autre, et le retour en arrière n’est pas aussi évident quand on a commencé par ce qui est visible. Je le dis souvent, et j’espère le proclamer encore longtemps, j’aime que mon amour du tatouage soit su, mais pas toujours vu.

Et toi? Qu’en penses-tu? Tu connais le principe, donne ton avis en commentaire ici ou sur Facebook. N’hésite pas à demander à tes potes en faisant tourner l’article hein, parce que des clics et des likes et de l’amour dans mon écran… j’aime bien aussi!

(Et n’oublie pas de liker la page si ce n’est pas encore fait!)

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Vu ou su?

21 réflexions sur “Vu ou su?

  1. chloé dit :

    Je suis d’accord avec toi, sur le fait que tu dises que tu aimes ton tatouage soit su mais pas vu. Persollement j’ai 3 tatouage pour le moment, dont 2 qui sont caché par mon pantalon, mais un visible sur l’avant bras.
    Bien sûr que j’en suis fière, il raconte un moment fort de ma vie, mais cela me dérange pas de ne pas le cacher. Si quelqu’un me demande pour le voir je répond tout simplement que vu qu’il n’est pas cacher il l’a déjà vu, et je coupe court à la conversation. Sans être méchante , je ne m’étale pas dessus, car après on a les fameuses questions du « pourquoi ce motif? »  » ça raconte quoi? », et cela ne les regarde pas.

    Et je pense que le mot « exhiber » que tu emploie, est trop fort. En effet, exhiber quelque chose, c’est vouloir ce faire rem arquer, tirer profil des tatouages. Certaines personnes sont comme ça d’accord, mais c’est pas parce que un de tes tatouages est visible que forcément tu t’exhibe, il est voyant certes mais ça s’arrête là.

    Voilà un peu mon ressentit sur ton article.

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    1. Merci pour ton commentaire!! Je comprends ce que tu veux dire mais alors j’ai quand même une question… pourquoi avoir choisi l’avant bras? Car c’est un emplacement auquel je n’accorde pas d’intérêt particulier en terme de tatouage. Manque de surface plane, peu de jeu sur le mouvement et l’interaction avec le corps lui même… Donc pour moi il ne se justifie que dans le cadre d’un projet de full sleeve, ou quand on n’a plus de place. En tout cas certainement pas comme prioritaire par rapport à un bras, dos, côtes etc… c’est même plutôt le dernier sur ma liste en fait. Donc que tu n’en tire pas de profit, je veux bien, mais quelle a été ta motivation de placer un tattoo ici plutôt qu’ailleurs si ce n’était pas pour qu’il soit vu? (c’est une vraie question innocente hein!) Merci de ton avis en tout cas!!

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  2. chloé dit :

    Alors pour répondre à ta question…. Je l’ai fait déjà du côté gauche, côté coeur (bon c’est vrai j’avoue le coeur n’est pas totalement à gauche ;-)) car ça signification est très importante pour moi. Ensuite l’avant bras tout simplement pour moi, ça peut paraître bête, mais j’ai besoin de le voir constamment pour me rappeller les coups dur et avancer. Si je l’avais fait sous le t shirt ou sous le pantalon, je pourrais le voir certes mais que quand je me déshabille, et ce n’est pas ce que je recherchais. Alors avant d’être vu par les autres, il est vu par moi avant tout.

    J’espère avoir répondu à ta question

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    1. Bonjour Athina et merci de passer par là! Non je ne pratique pas le tatouage autrement que sur mon propre corps, et dans ma tête 🙂 c’est un métier pour lequel j’ai trop de respect pour m’y lancer 😉
      Et puisque j’habite au Japon, même si je pratiquais, cela serait peut-être loin pour toi non? 🙂

      N’hésite pas à venir liker la page facebook pour rester à l’affût des prochains articles! 🙂

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  3. C’est marrant, j’ai un avis complètement opposé au tien. Mais c’est très intéressant de te lire, ça me permet de méditer sur mes projets de tatouage. Personnellement je ne suis pas encore tatouée. Ça fait trois ans maintenant que je mûris mon projet de tatouage. Je sais ce que je veux, où, pourquoi, comment, mais je veux encore peaufiner des détails. Et puis j’attends de trouver le/la bon.ne tatoueur.se parce que je veux que le moment du tatouage soit une belle expérience. Si je regarde mon tatouage et que je pense à la personne qui me l’a fait en mode « quel.le enfoiré.e » ça gâche complètement ce que le tatouage est censé m’apporter. Bref, je divague.

    Les tatouages que je souhaite avoir sont des messages que je veux m’écrire à moi-même au sujet de choses qui, je le sais, m’accompagneront toute ma vie. Tout l’intérêt, donc, c’est que je puisse les voir, puisque justement, ce sont des messages. Mais un détail auquel je n’avais pas pensé c’est que si moi je peux les voir, alors les autres aussi. Est-ce que j’ai envie de parler de mes tatouages à des inconnus ? D’être sans cesse questionnée à ce sujet ? Je n’en suis pas sûre.

    Mais tenter envers et contre tout de les cacher me chagrine parce que ça me donne l’impression de devoir ressentir de la honte au sujet de quelque chose qui accompagne ma vie depuis trois ans maintenant (réfléchir à des projets de tatouage c’est le début de l’expérience et ça m’apporte déjà beaucoup de plaisir) et qui m’apporte du réconfort et de la joie. D’autant que certains des tatouages que je veux sont placés à des endroits stratégiques d’un point de vue symbolique et que s’ils sont placés ailleurs, ils perdent tout leur sens.

    J’imagine que je vais réfléchir à ça encore un peu. 😀
    (Au pire je me tatouerai à 80 balais, c’est pas grave)

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    1. Merci beaucoup pour ton commentaire 🙂 Ça fait plaisir d’avoir quelqu’un d’un avis contraire! Mais il y a une erreur que beaucoup de monde fait et que tu soulèves un peu ici et sur laquelle j’aimerais dire un mot… Cacher ses tatouages aux autres, ce n’est pas se les cacher à soi. Pas une seconde. La zone T-shirt/pantalon est largement assez grande pour avoir des tatouages faciles à voir quand on le souhaite, ou dans sa vie privée… Personnellement quand je bosse ou que je suis en virée avec des potes ou je ne sais quelle activité de la vie quotidienne, j’ai de toute façon autre chose à faire, et dieu merci, que de contempler mes propres tatouages… qu’ils soient donc sur mes bras ou mes avant-bras (par exemple) ne change pas grand chose.

      De plus le tatouage Japonais a une aspiration séculaire et un ancrage profond dans l’idée d’être tourné vers son porteur uniquement, quand le tatouage occidental est tourné non seulement vers son porteur mais aussi vers l’extérieur. Je ne peux pas laisser dire que les tatouages qu’on peut dissimuler ou qu’on élabore dans la possibilité de les dissimuler sont cachés au porteur. C’est faux. Je ne porte pas d’irezumi, mais cette vision du tatouage est celle à laquelle j’adhère. Mon tatouage sur le dos est le plus important de tous. C’est pourtant celui que je vois le moins. Et en même temps, c’est celui dont j’ai le plus conscience, non pas parce que je peux l’observer, mais parce que je le SAIT sur moi, en moi. Je le SENS, physiquement rien qu’en y pensant.

      Je respecte complètement l’envie de placer ses tatouages sur des emplacements plus visibles, je le dis moi même j’ai cette envie. Mais je ne serais jamais d’accord sur le fait que c’est plus pour ma sphère intérieure que pour ma sphère extérieure. Mais comme je le dis souvent (je ne sais plus si je l’ai dit sur cet article en particulier mais c’est probable), le fait même de vivre au Japon influe probablement ma façon de voir. Peut-être aussi les années à vivre avec mes tatouages quand même.

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  4. Salut Ondori et salut lecteur de notre bien-aimé blablateur de service,

    je suis désolé d’avance de ne pas faire partie des courageux qui se dressent contre l’avis d’Ondori, mais je ne peux faire autrement, et ce pour deux raisons : je suis d’accord avec lui, et il me fait aussi un peu peur.

    J’approuve son illustre point de vue et le prouve en illustrant la vue que j’ai sur ce point :
    Je suis actuellement en chantier tatouesque. Je suis donc déjà passé une fois sous le dermographe, et il me reste encore deux séances pour que le motif que j’ai dessiné soit a(e)ncré ad-vitam dans ma couenne. Je suis donc dans un moment où j’y pense énormément et j’aimerais en parler à tout le monde. Mais je sais pertinemment que cette envie n’est que passagère et qu’elle peut s’apparenter à ce moment où, enfant, tu as un nouveau jouet que tu veux montrer à tous tes potes sans pour autant leur prêter.
    En fait, c’est mon plaisir d’être tatoué que je veux partager et non pas le fait d’être tatoué. Sûr que tu vois la nuance.

    Sans entrer dans les détails, mon tatouage a pour principe de base d’illustrer ma relation au dessin (puisque c’est mon boulot, ma passion, ma vie) par la liaison entre ma tête et ma main. Cela implique par conséquent qu’il doit, entre autre, s’étaler sur tout mon bras.
    Mon envie de base était d’aller jusqu’au dos de la main, et même jusqu’à l’intérieur de la paume.
    Étant dans le secteur artistique, je ne pense pas qu’être tatoué puisse poser autant de problèmes professionnels qu’à un banquier. Peut être même que ça peut aider… ou pas… …m’en fout.

    Cela dit, je n’ai pas non plus envie de devoir adapter mon existence, la gestion des rencontres…etc en fonction de ce que les gens vont penser ou dire. J’aime beaucoup les chapeaux et je peux en porter des remarquables. Mais j’aime aussi, en fonction de mon humeur, ne rien porter et envisager une soirée sans me dire que je vais -encore- devoir me justifier, voire me défendre.

    J’ai donc renoncé, réellement convaincu par un ami anonyme du japon qui vénère le tatouage, à me faire encrer la main. Mon tatouage ne s’étendant que jusqu’au poignet, je sais que je ne pourrais pas le cacher sous un tee-shirt (ou alors un T-shirt très très grand), mais que je me laisserais tout de même une alternative sereine : mettre une chemise. Parce que soyons honnêtes, porter des gants en soirée questionne presque plus qu’avoir un tatouage qui dépasse.

    Même si je comprends l’avis de Chloé, je ne suis pas vraiment convaincu par un choix d’emplacement « pour pouvoir le voir ».
    -Déjà parce que l’emplacement est une chose importante : accrocher « l’origine du monde » de Courbet dans le salon, au dessus du lit ou dans les toilettes n’a pas la même portée. A fortiori pour le tatouage : se faire tatouer « enjoy the ride » sur le mollet ou sous le nombril n’a rien à voir.
    Et je ne parle même pas du rapport qu’il peut y avoir entre un motif et la forme qu’il épouse.
    -Ensuite parce que voir son tatouage n’est jamais si compliqué :
    Le miroir étant un objet somme toute assez banal et répandu, ce n’est pas très difficile de regarder son tatouage si l’envie se fait sentir. De plus, le tatoué connait le dessin ou la phrase qu’on lui a fixé dans le lard, alors si en plus il le dessine lui même…
    Je me suis fait percé par une fille qui avait « Never give up » tatoué au dessus de l’arcade sourcilière. Je suis d’un naturel ouvert et n’ai pas tiré de conclusion de ce choix, mais je me dis que l’écrire ailleurs n’aurait pas changé grand chose au message par rapport à elle même. En revanche, cela change tout par rapport aux autres. Elle l’a peut être fait pour se dire à elle-même de ne rien lâcher, ce qui la met dans une position de femme qui a vécu de durs moments > sympathie et compatissance peuvent alors être ressenties par l’Autre. Elle l’a peut être fait pour annoncer qu’elle ne lâche rien > « méfiance, je suis une emmerdeuse » peut comprendre l’Autre ?

    L’Autre. S’il m’est impossible de régir ma vie par rapport à lui/elle, je ne peux pas non plus l’ignorer.

    Il est évident que ma compagne, ma famille, mes amis devront maintenant m’envisager avec ça en plus. Comme ils m’envisagent avec mes piercings.
    Je ne suis pas tatoué que pour moi-même. Je le suis AVANT TOUT pour moi-même… …donc moi seul déciderais avec qui partager cela.

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    1. Aaaaaaaaaaaameeeeeen.

      Je suis en tous points d’accord avec toi (et ton ami anonyme du Japon… hum hum…)
      Toutes les nuances sont dans ces « avant tout » et « pas seulement »… On peut réellement se poser la question de l’Autre. Beaucoup développent l’idée qu’on n’a pas à s’en préoccuper, qu’on doit faire ses choix uniquement pour nous, qu’un tatoué n’a pas à avoir honte de son tatouage etc… Je ne suis personnellement pas d’accord avec ça, mais je conviens volontiers qu’il faut que certains pensent comme ça pour aider à avancer. Simplement nier l’Autre est une attitude impossible pour l’humain en général, je ne vois pas pourquoi le tatoué devrait outre-passer cet aspect.

      Mais encore une fois, et ton exemple de l’arcade sourcilière et parfait, personne ne me fera jamais croire qu’il a choisi un emplacement visible UNIQUEMENT pour lui -de toute façon je pense déjà que même un tatouage caché on ne le fait jamais uniquement pour soi, ce serait abusé d’affirmer ça-. Et s’il est convaincu de ça, je suis désolé d’être catégorique, mais pour moi c’est qu’il n’a pas mesuré la pleine portée d’un tatouage. Cela ne veut absolument pas dire que son choix est stupide ou qu’il le regrettera, heureusement.

      Sur ce, je vais me faire tatouer « enjoy the ride » sous le nombril, tu m’as convaincu 🙂

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  5. […] Comme ce foulard dans la main d’un magicien de cabaret. Le foulard brûle d’une flamme inoffensive, et laisse apparaître un bouquet de fleurs en plastiques, une colombe… Toutes mes idées se transformaient et prenaient corps dans son style. On aurait dit que dans ma tête, un morphing « avant/après » des émissions de relooking d’M6 prenait vie. J’ai commencé à avoir de nouvelles idées, sachant ce qu’il était capable de faire, et ainsi de suite. Sans mentir, lorsque je suis tombé sur son boulot, le reste de la soirée a été une succession de feux d’artifices dans mon cerveau. C’est là que j’ai décidé de lui donner mon idée et de m’en remettre à son style, à sa création. Aujourd’hui je ne suis plus seulement fier de ce que représentent mes tatouages, mais aussi de comment ils le représentent. Et c’est sacrément important, même dans le cas de tatouages généralement cachés comme les miens, j’en avais parlé ici. […]

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  6. Beleth dit :

    Je ne suis pas tatouée mais le choix d’un emplacement visible ou non est une réflexion que j’ai souvent eu et je partage les arguments exposés. D’un autre côté, cette approche me semble s’opposer à celle du vieillissement du tatouage. Pour une femme, les zones dissimulables sont celles les plus exposées aux déformations liés à une grossesse ou l’âge, non?
    J’aimerais beaucoup avoir un tatouage un jour mais pas tant que je n’aurai pas trouvé un endroit qui me plait et surtout répond à ces deux contraintes qui me semblent contradictoires. Notez que je peux me tromper et admet ne pas être connaisseuse mais pour l’instant je n’ai pas trouvé la solution et personne n’a vraiment su me répondre…

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    1. Merci pour ton expérience (ou ton partage de non expérience :))
      Il faut tout de même savoir que la déformation du corps n’affecte que peu le tatouage en général. Il faut vraiment un changement drastique.
      Evidemment la grossesse PEUT en être un. Mais parfois plus pour les éventuelles vergetures que pour la déformation de la peau. Il est tout de même effectivement conseillé d’attendre d’avoir eu sa grossesse avant de se faire encre le ventre.
      Par contre, le reste du corps, je ne vois pas vraiment le problème. Et puis il faut bien être conscient d’une chose : il est certain que le tatouage sera altéré dans les années à venir. Que ce soit par déformation de la peau (mais encore une fois ceci est très largement sur-estimé en général), ou simplement son vieillissement. Mais c’est aussi ce qu’on attend d’un tatouage. Qu’il fasse partie de nous. Qu’il vieillisse avec nous, qu’il nous accompagne. Ne crains pas trop quelque chose qui va changer comme toi.
      Pour les placements qui subissent vraisemblablement le moins d’altérations, pour pas dire d’affaissement, et qui restent dans des zones cachées, on a évidemment le dos, ou le haut de la cuisse.
      Il est vrai qu’une femme a moins d’options qu’un homme si elle aime s’habiller court ou avoir de petits décolletés ou dos échancrés…

      Enfin je dirais que le fait de vouloir les cacher en toute circonstance est illusoire. Sans compter que, ne serait-ce que dans l’intimité, on aime les montrer ou tout du moins ne pas s’en cacher. Pour moi l’important est surtout de trouver une zone où je pourrais les dissimuler pour certaines occasions (le travail dans mon cas) sans avoir à trop en souffrir. Si tu décides de te faire un joli tatouage dans le dos, il te faudra juste éviter les dos-nus de temps à autre… sur les épaules, pareil. Cela reste dissimulable sans avoir recours à la doudoune et aux moufles…

      Bonne suite pour ça! 🙂

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  7. GabrielleAvec2Ailes dit :

    Bonjour,
    Mon commentaire est non constructif, mais motivé par l’envie de te remercier pour ce texte avec lequel je suis entièrement d’accord (au principal comme dans ses digressions).
    M’en vais lire le reste de ton blog!
    Bonne continuation !

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  8. felicie dit :

    Je comprend parfaitement ton point de vue, et il m’a fait beaucoup réfléchir. Mais il faut également envisager l’option esthétique. Car à mon avis se tatouer l’avant-bras, que ça soit une manchette ou un tatouage « solitaire », se fait dans un but, en grande partie, esthétique. N’est-il pas normal et humain de vouloir partager la beauté de son tatouage, comme on souhaiterait montrer ses vêtements, sa nouvelle coiffure, etc.. Parce qu’il faut se le dire, même si l’avis des « autres » nous importe peu (on vit pour soit), chacun aime se sentir « beau » et bien dans sa peau. Aimer ses tatouages, et les afficher, puisqu’ils font partie de nous, et de l’aspect visuel qu’on souhaite envoyer.
    Merci pour ton article, et ton ouverture d’esprit quant aux différents avis 🙂

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  9. Bérengère dit :

    J’ai découvert depuis peu tes écris et petit à petit je les lis.
    Même si sur certains éléments mon avis diffère je suis globalement d’accord avec ton ressenti. Sur cet article en particulier, je suis toujours tiraillé entre montrer ou non mes gravures sur peau. J’ai commencé par mes intérieurs de poignets, petites pièces que je voulais visibles, puis j’ai continué et là j’ai souhaité avoir les choix de les montrer ou non, c’est donc les jambes que j’ai choisi et pas les bras.
    Je ne suis pas certaine d’assumer entièrement le tatouage visible alors que je dis souvent que je suis beaucoup tatouée, la contradiction n’est a priori pas grave … Lire tes points de vue est très enrichissant , j’aimerais bien etre capable de m’exprimer aussi clairement.

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    1. Merci Bérangère et bienvenue ici! Je suis content que cela apporte de l’eau à ton moulin, et ton expérience est très intéressante!! Moi qui suis sans cesse tiraillé entre l’envie de me faire les bras, et la joie de pouvoir encore choisir de les exposer ou non, je comprends bien le dilemme!

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  10. Jon dit :

    Tu peux aussi faire un tatouage visible pour une personne en particulier. Mais j’avoue que cela doit être relativement rare.
    Après je suis un peu dans l’entre deux phases. J’aime beaucoup parlé de mes tatouages, car c’est l’une de mes passions, mais beaucoup moins les montrer, même celui sur l’avant bras j’ai tendance à le caché, plus ou moins involontairement. Même si je les aime et les assumes complétement.
    avant ils étaient mes nouveaux « jouets » et maintenant une partie plus intime de ce que je suis.
    Merci pour ton article et je vais à la découverte du reste de ton blog. 🙂

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